Grimper en France : escalade et grandes voies de 2018

Depuis les Alpes et jusqu'à la Méditerranée, la France offre des falaises fabuleuses pour la pratique de l'escalade. L'été a laissé place à l'automne, puis à l'hiver, et le froid mêlé aux courtes journées  ne permettent plus vraiment les sorties en extérieur. Alors, au chaud au coin de la cheminée, je me repasse les souvenirs de ces instants merveilleux en recherchant encore de nouveaux spots, de nouveaux projets pour 2019.

Vincent sur une 6B

J'ai demandé à d'autres blogueurs-grimpeurs (espèce en voie de disparition) quelles ont été leurs plus belles ascensions de 2018. Virginie du blog Les Aventures d'Arthur et Thibaut, et Amandine du blog Regard Lointain, se sont prêtées au jeu. Je vous propose une petite liste non-exhaustive des secteurs que nous avons découvert cette année, selon le type d'escalade : grandes voies, couennes ou blocs.

 Grandes voies 

♦ Savoie / Haute-Savoie

→ La Pointe de la Blonnière et l'Arête à Marion

L'arête à Marion, jusqu'à la pointe de la Blonnière.

J'en parle avec un peu d'émotion, car il s'agit là de ma première vraie grande voie. 13 longueurs, 300 mètres encordée sur les parois ou à marcher sur les crêtes. Une traversée de longue haleine jusqu'au sommet, où vivent des gypaètes barbus. Beaucoup d'appréhension, beaucoup de frissons, mais aussi beaucoup de bonheur. Celui de progresser dans un décor merveilleux, et celui de dépasser ma plus grande peur, de me battre avec le vide, et de sortir triomphante. Alors oui, il s'agit là d'une grande voie en 4C max, bien bien en dessous de mon niveau. Mais ne vous y méprenez pas : la marche d'approche d'une heure et demie est éreintante (et la descente est pire), et j'ai fait mes crises de panique sur des longueurs côtées en 3... L'impression de vide est vraiment prenante. Malgré ça, cela reste une grande voie accessible et très bien pour l'initiation. 

L'Arête à Marion, qui n'a jamais aussi bien porté son nom 

Je reviendrai. 

- Topo disponible sur Camp to Camp. 

- Départ depuis le Col des Aravis.
- Durée totale d'environ 6h30.

→ La traversée des dents de Lanfon - par Les Aventures d'Arthur et Thibaut

Les dents de Lanfon, ces canines qui surplombent le lac d’Annecy donnent envie de les grimper pour avoir une vue superbe !La première dent (la Nord) offre de belles voies du 5 jusqu'au 8c ! Bien plus facile, la traversée par les crêtes se situe entre la rando et l’escalade.

© Virginie

L’itinéraire commence au niveau de la plaque mortuaire… Pas très gai, mais bon repère. Le départ est légèrement exposé car il n’y a pas de points possibles pour s’assurer. Cela permet de décourager les randonneurs non avertis. On rejoint ensuite un câble qui aide à la montée, pour arriver au col après la première dent. La traversée commence alors. On zigzague alors entre les cimes, les vires, les arbres… Quelques passages sont un peu plus difficiles, mais rien de méchant (c’est ce qui vaut la cotation de cette traversée dans le PD- / 3b). Cependant il y a un trou à passer, ce passage est discriminatoire : il ne faut pas être gros… J’ai du enlever le sac à dos pour réussir. Cet itinéraire n’est pas trop gazeux : on ne circule pas sur une crête avec du vide des deux côtés. Mais il offre quand même de très beaux points de vue et une belle sensation de montagne ! 

© Virginie

Retrouvez l'article de Virginie sur la traversée des Dents de Lanfon. 

→ Brison, Grande Falaise - Lac du Bourget

Grimper au dessus du Lac du Bourget

C'est la grande voie la plus difficile que j'ai faite jusqu'à présent. 5 longueurs, en 5C / 6A, une belle hauteur et beaucoup de passages un peu physiques pour moi. Vincent a adoré cette belle ascension sous le soleil d'automne, dans un style varié et complet alliant dièdre, dalle et petit surplomb. Le cadre - grimper au dessus du Lac du Bourget - est un plus non négligeable. La marche d'approche est quasiment inexistante (garé au bord de la nationale, la falaise est tout de suite là). Seul point négatif, le bruit de la circulation. L'un des autres grands avantages du secteur Grande Falaise, c'est que les voies sont voisines, et que plusieurs couples de grimpeurs peuvent progresser côte à côte. C'est comme ça que j'ai pu faire quelques photos de mes amis Antoine et Javier, s'attaquant à une longueur en 6B dalle, très impressionnante.

Antoine, sur le point de clipper

Heureuse au relais

"Ne pas regarder en bas."

- Topo "Escalade autour du Lac du Bourget".

- Durée totale : comptez au moins 2h pour la totalité de l'ascension, la descente se fait par plusieurs rappels.

→ Falaise de l'Echarton, Arêches

Javier nous rejoint.

On l'appelle aussi "la falaise cachée". Après une marche d'approche rallongée par une absence de balisage (2h30), nous avons fini par trouver la falaise. Cachée dans la forêt, elle n'est visible ni depuis le parking, ni depuis le chemin. Un havre de paix dissimulé aux yeux de tous, qui ne se dévoile qu'aux plus méritants. Là, plusieurs petites grandes voies - 2 longueurs, 50/60 mètres - vous attendent. Pas de difficulté particulière, puisque les plus dures sont côtées 6A+. Là aussi, il est possible de grimper simultanément, ce qui permet de passer un bon moment tous ensemble sur la falaise. En une journée, nous avons quasiment fait toutes les voies en 5 et 6 de ce secteur. Un endroit parfait pour ceux qui aiment les jolies dalles un peu techniques. Les points sont rapprochés, ce qui permet aussi une bonne initiation aux manips de grandes voies. 

Javier en tête dans un joli 6A+

Un roux et un colombien, beaucoup d'amour sur la falaise ! 

- Topo "Escalade en Vanoise et Beaufortain".
- Départ depuis Arêches.
- Durée totale : ça dépend de si vous vous perdez ou non !

♦ Provence

→ Buis-les-Baronnies : Baume Noire

La star de Buis-les-Baronnies, c'est le Rocher Saint-Julien. Nous y avons grimpé plusieurs fois, en couennes et grandes voies, avec toujours beaucoup de plaisir. Je vous en parle dans mon article sur un week-end escalade entre amies.

Le Rocher Saint Julien, vu d'en bas

Mais aujourd'hui, je ne suis pas là pour vous parler du Rocher Saint-Julien. En effet, les spots d'escalade sont nombreux autour de Buis-les Baronnies, et pour cette session nous avions décidé de changer un peu de secteur. Nous avions repéré une grande voie de 100 mètres en 5C+ max à Baume Noire. Deux longueurs de 50 mètres chacune, très, trèèèès longues... Une ascension épuisante, avec quelques petits cafouillages dans les lignes, mais une arrivée au sommet avant que le soleil ne nous brûle la peau. Et surtout, la récompense de la vue une fois là-haut, sur les Baronnies Provençales. Des parapentistes savourent leur promenade, et nous redescendons par le chemin de randonnée. 

Les belles Baronnies Provençales

Heureuse avec mon nouveau baudrier

Parapentistes au dessus de Baume Noire.

- Topo "Escalade en Drôme Provençale".
- Durée totale d'une demie journée.

♦ Calanques de Marseille
→ Prends-moi sec au dessus du Lagon Bleu

Calanques de Marseille

Si je ne devais vous parler que d'une seule grande voie, je vous parlerais de celle-ci. Découverte sur Instagram, nous avons réalisé ce projet avec notre ami Antoine. Un week-end de grimpe dans les calanques de Marseille, avec pour objectif l'ascension de la célèbre "Prends-moi sec au dessus du lagon bleu". Mais cette voie, qu'est-ce que c'est ? C'est d'abord une longue marche d'approche depuis le parking d'accès à la Calanque de Morgiou. Puis, plusieurs rappels pour descendre dans une grotte dont on ne voit pas le fond ; et une fois descendue, la seule issue est d'escalader la paroi jusqu'à retrouver la lumière du jour. Une expérience à la fois angoissante et fascinante. Nous nous sommes donc doucement glissés dans ce gouffre, jusqu'à ce que nos yeux s'habituent à l'obscurité ambiante. Là, le lagon s'est révélé : la lumière du jour qui filtre par dessous la falaise donne à la mer cette couleur bleu captivante. Il faut maintenant ressortir, se lancer à l'assaut des murs humides de la grotte avant que le soleil ne se couche. Attention : le premier relais n'est pas le même que celui des rappels. La longueur la plus difficile est côté 6A, mais elle s'avère beaucoup plus abordable qu'attendu. Nous avançons bien, et apprécions de grimper dans ce cadre hors du commun.

Antoine, petite mise en jambe avant la grande voie.

Vincent nous ouvre la voie vers la lumière.

Quand on se trompe de relais... 

Une fois ressortis de la grotte, il reste une dernière longueur en 5B. Facile, me direz-vous, mais cette voie a une particularité : elle s'engage dans une petite cavité. Très étroite, elle ne laisse passé qu'un homme à la fois ; aussi, il vous faudra accrocher vos sacs à dos aux baudriers pour en sortir. Nous sommes rentrés alors qu'il faisait déjà nuit, avec encore une bonne heure de marche pour retrouver le doux confort des voitures. Une journée riche en émotions, mais qui en valait sacrément la peine. 

A la sortie de la grotte. 

- Topo "Escalade, les calanques".
- Départ depuis le parking de la Calanque de Morgiou.
- Durée totale d'une bonne journée, en comptant la marche d'approche et le retour.

 Couennes 

♦ Savoie
→ Falaises de la Colombière

Vincent au sommet des canelures.

Nous avons aussi fait une grande voie dans ce secteur, mais je vais me concentrer sur les couennes à réaliser ici. Située dans les Aravis, proche du Grand Bornand, cette falaise est accessible en 30-45 minutes de marche depuis le Col de la Colombière. Même si vous ne grimpez pas, la petite promenade en vaut la peine : myrtilles sauvages tapissent le sol et bouquetins se promènent sereinement sur les chemins. Ici, on fait de l'escalade sur un rocher caractéristique de la région. En effet, ces grandes cannelures verticales sont une particularité omniprésente dans les Aravis. Il m'a fallu un temps pour m'habituer et dépasser mes appréhensions. Après un premier échec en tête, j'ai terminé la session en passant en moulinette après Vincent et Marc. Une remise en confiance douce pour continuer à m'amuser, avec une vue fantastique sur la vallée.

Marc, heureux dans sa région.

Vincent vers le soleil.

Gros braaaaas !

♦ Provence
→ Orpierre

Je l'ai mentionné plus haut pour les grandes voies, le Rocher Saint-Julien à Buis-les-Baronnies possèdent aussi de nombreuses voies d'une seule longueur très sympas et bien côtés. Si vous poussez un peu plus loin sur la route, vous arriverez dans le département des Hautes-Alpes et tomberez sur Orpierre, ville de grimpeurs et secteurs majeurs. Je vous en parle plus en seconde partie de mon article sur un week-end escalade entre amies.

Lucie, à Orpierre.

♦ Calanques de Marseille
→ Calanque de Sormiou, secteur Compèt 

Antoine, sur sa voie d'échauffement

Deuxième jour de grimpe dans les calanques de Marseille. Cette fois, nous sommes accompagnés de Louisa, et c'est sa première sortie en falaises. Epuisés par la marche et la grande voie de la veille, nous choisissons un secteur proche du parking et avec des voies dans le niveau 5 pour que l'on puisse tous grimper et s'amuser. Le secteur n'est pas très grand et bien équipé. De plus, nous étions seuls quand nous sommes arrivés, ce qui nous a laissé l'embarras du choix pour l'échauffement. Mais très vite, un groupe d'un club d'escalade est arrivé. Ils ont réquisitionné toutes les voies dans le 5, ne nous laissant plus du tout la possibilité de grimper doucement. Nous (enfin Vincent et Antoine) se sont alors attaqués à une 6B, qui nous aura tenu toute la fin de la session...

Louisa

Antoine, à la fin de la 6B

- Topo "Escalade, les calanques".
- Départ depuis le parking de la Calanque de Sormiou.

♦ Isère
→ Vertrieu

J'assure Javier sur un 5C

La première fois que je suis allée à Vertrieu, j'avais fait une crise de panique sur ma première voie en tête... Je n'avais alors grimper qu'en moulinette. Pour cette deuxième fois, je suis avec Javier, Audrey et Moïse. Javier me met en confiance et me fait grimper en premier. J'enchaîne sans difficulté la voie qui m'avait terrorisée la fois précédente. Alors je continue avec une 5C, puis une 6A... Plus difficile que prévu. Nous nous attaquons alors au Gros Dièdre, une 6A+ que j'avais fait en moulinette. Je pars dessus en tête cette fois, surmonte mes peurs et engage fort à la 4ème dégaine. Malgré mes progrès, je laisse Javier terminer la voie. Audrey, dont c'est la première sortie en extérieur, s'y confronte également. Vertrieu est un site école, avec un équipement correct, bien que sous côtées. Très souvent, nous nous sommes dit que les voies mériteraient un petit "+", pour un mouvement technique, physique, ou un clipage exposé. 

Moïse, meilleur camarade de grimpe

Audrey, dans le Gros Dièdre.

- Topo "Escalade en Isère, volume 1".

- Départ depuis le cimetière de Vertrieu.

 Bloc 

♦ Drôme 

→ Les roches qui dansent

Romain, sur un 7A+

Si j'aime beaucoup l'escalade en voie, j'aime encore plus l'escalade de bloc. En revanche, sa pratique en extérieur me panique encore plus que tout le reste. Mes collègues et amis Javier et Romain m'ont emmenée avec eux pour une matinée calme en forêt, et m'ont aidée à vaincre mes peurs. J'ai réussi à passer des blocs que je me sentais incapable de grimper, et j'ai pris beaucoup de plaisir à voir mes camarades se confronter à des blocs beaucoup plus durs. L'escalade de bloc a aussi l'avantage d'être moins contraignant en terme de matériel : des chaussons et un crashpad sont suffisants pour pratiquer. Le site des Roches qui Dansent, en plus d'avoir un nom sympa, propose des blocs variés dans différents niveaux. Un circuit bleu pour les plus faciles, puis rouge et noir pour les problèmes plus difficiles. Ajouté à ça de la bonne humeur et des bons copains, vous êtes sûrs de passer un bon moment !

Romain et Javier, meilleurs coachs du monde

Psycho pof... Deux fois.

Javier, machine

♦ Seine et Marne

→ Fontainebleau, par  Regard Lointain

© Amandine

Lieu très connu des parisiens et des grimpeurs, il peut aussi être énormément méconnu pour le reste de la France. A son plus grand malheur ! Car c’est une forêt qui regorge de milles merveilles. Un château, des randonnées, des activités sportives et... des blocs d’escalade. Ayant toujours testé de l’escalade cordée, ce fut pour moi une véritable découverte avec un mot revenant sans cesse en tête : la liberté. L’avantage de l'escalade de bloc, c’est que les hauteurs sont relativement basses. Jusqu’à 4-5m sur ce site. Et on comprend pourquoi quand on sait que l’on n'est pas assuré et que l’on monte seule avec seulement deux crashpads en bas. L’avantage de ce site, c’est sa diversité de spots – la Roche aux Sabots, le Cul de chien, le Bas-Cuvier ou encore le Diplodocus (en appréciant au passage ces jolis noms) – et de blocs – des plus faciles aux plus difficiles, des plus pentus aux dévers vertigineux... Bref, il y en a pour tous les goûts ! J’ai exclusivement réalisé des montées jaunes ou oranges avec parfois, dans un excès de folie, des bleues. Et déjà en une après-midi, j’ai pu apprécier la diversité de ces blocs. Les accroches sont variées et on retrouve les mêmes prises qu’en salle. Le seul point négatif c’est peut-être la surfréquentation. Même si cela permet de jolies rencontres et des échanges passionnés, on se marche vite les uns sur les autres. Il faut savoir bien trouver son spot.

© Amandine

Retrouvez l'article d'Amandine sur Fontainebleau.

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Il nous reste encore beaucoup à faire, beaucoup à voir, beaucoup à découvrir. En attendant, nous continuons à progresser à notre rythme, en salle et en falaise, tout en prenant un max de plaisir. J'espère que ce petit catalogue des sites d'escalade français vous a plu et inspiré, et peut-être à bientôt au pied des voies !